HUMAN HAIRS DANS L'AIR DU TEMPS

Quelque chose vous dérange dans la photo ci-dessus? C'est certainement ce que l'artiste Zhu Tian a intenté. Au lieu de créer des chaussures en cuir, en plastique ou en daim, elle utilise un medium beaucoup plus surprenant: la chair humaine.

Nan! je plaisante, il s'agit de caoutchouc et il a le pouvoir de rendre la peau plus vrai que nature. Mais Zhu Tian va plus loin dans le 'nude' puisqu'elle rajoute des poils, des vrais, cette fois. Horreur! La répugnance s'empare de vous, un peu comme cette histoire de collants poilus chinois qui font rempart contre le viol... (à lire ici).

«Ce travail est un projet spécial commandé par ELLE Chine pour son 25ème anniversaire," l'artiste a expliqué à HuffPost. "ELLE m'a invité à créer une œuvre en utilisant une paire de talons aiguilles de Dior. J'ai essayé de questionner et contester l'image «sexy» des talons hauts dans la culture contemporaine. Sont-ils intrinsèquement sexy? Ou sommes-nous 'dit' qu'ils sont sexy?"

"En créant cette sculpture en forme de stiletto à partir d'une combinaison ambiguë de la texture de la chair et des poils humains, l'intention était de déconstruire le stéréotype de la féminité des talons hauts," at-elle poursuivi. 

Force est de constater que le mix de l'objet qu'est la chaussure avec les caractéristiques de l'humain (la chair) crée quelque chose de forcément dérangeant. L'homme ne peut être objet, puisque c'est celui-ci qui doit servir l'homme et non pas l'inverse. Or Zhu Tai pointe justement du doigt l'objectivisation de la femme; cette femme objet qui porte ses stiletto et se contraint à cambrer son dos et relever son buste sous le dictat des talons hauts. 

photos // HuffPost

MADAME A-S DAVIK

 

site officiel

 

Mme A – S Dåvik x & Other Stories

 

Mme A-S Dåvik c'est quoi?

Une équation subtile: Maison Martin Margiela + styles début du XXe siècle + Man Ray + Serges Lutens.

C'est qui?

Une jeune styliste suédoise qui a fait ses armes à la Central Saint Martins University à Londres. Celle-ci  a récemment collaboré avec &Other Stories. 

Pourquoi?

C'est une âme à suivre. La poésie de son univers et la classe intemporelle de sa ligne ne laissent pas de marbre. En somme, je suis convaincue qu'on entendra parler d'elle dans les décennies à venir. 

DESSINE MOI UN TALON

LA CHAUSSURE DETOURNEE

Un honorable ami et fervent lecteur de Shoessure m'a envoyé les deux photos ci-dessus. Et j'ai trouvé ça fantastique! Si certains diront que l'objet est kitsch, force est de constater que ce fauteuil a quelque chose de régressif et d'amusant. Ca ne vous dit pas de jouer au lilliputien? Se retrouver en face d'une chaussure géante, c'est carrément loufoque! (si je remplace le mot 'chaussure' par araignée, ça n'a plus le même sens, hein?). A l'instar des pieds, pourquoi ne pas enfoncer son fessiers dans un stiletto?!

Autant j'aime ce détail rouge qui doit bien s'acclimater dans une dressing, autant la chaussure détournée dans d'autres objets du quotidien, ça ne fonctionne pas toujours... Si ce n'est une lampe en forme de sneakers à lacets? Hé! Mais c'est bientôt Noël?!

Sky Mall

Shoe Bathtub vue à Soho à New York par Cubiclechic

Sky Line Design

Clara Sjodin

LES LIVRES A TALONS

Pour les francophones

So Shoes

A ma gauche Frédérique Veysset qui écrit pour le blog Dandyblog et à ma droite Isabelle Thomas, auteur du blog Mode Personnel(le). Deux paires d'yeux, deux plumes pétries de bons conseils et d'esprit avisé qui nous parle de notre sujet préféré. Un must have qui se lit sans fin! 

 Pour les anglophones

Shoe Obsession

Livre d'une qualité exceptionnelle tant par ses images que les écrits qu'ils contiennent. Nous avons là du haut niveau puisque l'auteur derrière ce bouquin s'appelle Valerie Steele et cette dame est une honorable historienne de la mode ainsi que la directrice du Fashion Institute of Technology à New York. La chaussure est traitée comme un objet d'étude très sérieux et c'est avec grande rigueur que Valerie Steele sert au lecteur un récit passionnant sur l'histoire de la chaussure et son univers fait de connotations et de fantasmes.

Valerie Steele 

 Pour celles et ceux qui aiment les belles images glacées (et les punchlines)

The Shoe Book

(grosse punchline ci-dessus)

En voici, en voilà un, de gros livre qui fait bien sur la table basse de votre salon, côte à côte avec celui de Helmut Newton et la vie cachée de Coco Chanel. Beaucoup d'images, d'histoire de la chaussure, de textes courts et amusants qui vont de pair avec l'énumération de faits loufoques mais très vrais sur les souliers.

Pour les intellos (ce livre ne te concerne pas Géraldine)

Stepping Through Time  /  Archaeological Footwear

Ces livres sont également adressés aux anglophones. Cependant, pour les non-concernés (ceux qui ne captent pas l'Anglais), la présence de ces livres dans votre bibliothèque fera son petit effet. A noter que vous pouvez toujours vous rabattre sur les illustrations diverses qui réjouira votre oeil d'explorateur. Mais pour vraiment jouer le cuistre, je vous conseille de lire le livre! Vous découvrirez ce qu'on portait aux pieds il y a des milliers d'années - en vous demandant parfois comment c'était possible de techniquement marcher avec quelques unes de ces incongruités. Vous ferez donc également marcher votre imagination! En voilà des livres de vrais petits champions de la chaussures. 

Et si tu es doué de tes mains...

Fabulous Shoes

Un livre? Pas tout à fait. Il s'agirait plutôt cette fois-ci d'un manuel pour apprendre à faire avec vos petites mains des chaussures en papier. Je vous vois venir... des chaussures en papier?? Ca fait peut-être régressif à première vue, et pourtant ça n'est pas si évident si comme ma cousine Géraldine, vous avez deux mains gauches. Le résultat est en tout cas très surprenant et fantaisiste (c'est exactement ce que Mary Poppins mettrait sur ses étagères)! Surtout, vous pourrez gaiement exposer des modèles rétrécis de chaussures qui évoquent des modèles célèbres (et si cools) de Louboutin, Westwood, Galliano... 

UNE SIGNATURE DISCRETE

Est-ce que vous savez qui fabrique les souliers haute couture pour Chanel? Peut-être que ça vous indiffère après tout. Mais comme vous êtes sur CE blog en particulier, je suppose lourdement que ça vous botte de savoir ce genre de détail pointu sur le monde de la chaussure. Déjà, il ne s'agit pas d'une maison italienne mais belle et bien parisienne. La boutique se trouve d'ailleurs au 2, rue de la Paix, rien que ça! (sommet de la hiérarchie selon Monopoly après tout)!

Son nom est Massaro. Bottier depuis la fin du XIXe siècle et référence dans le sur-mesure et la haute couture. Au lieu de vous montrer des photos lisses de magazines ou de podium, je préfère plutôt que vous jetiez un oeil aux backstage.

Voilà ce que vous pouvez voir derrière les rideaux rouges:

photos: thecoveteur.com

Site officiel

LE DETAIL QUI FAIT MOUCHE

La bottine est intrinsèquement une petite botte dotée ou non d'un talon et qui dévoile la cheville. Ni plus ni moins. Mais que se passe-t-il quand on veut plutôt plus que moins? 

Hé bien, Sergio Rossi a fait grandir des ailes de papillon tout en transparence et qui englobe délicatement la cheville tandis que Jimmi Choo a laissé pousser des mauvaises herbes en dentelle. Loriblu, lui, est un jardinier plus méticuleux et a préféré une broderie en fleurs très bucolique à l'orée du mollet.

Mon tout ressemble à un jardin à l'anglaise.

Sergio Rossi

Jimmy Choo

Loriblu

WEIRDNESS IS THE NEW NORM

Solestruck's instagram

"You definitely wear the weirdest shoes of everyone in this city - boyfriend (said) driving me to work this morning. Such a COMPLIMENT".

Le bizarre c'est bien plus qu'un état d'esprit rebel et anticonformiste, c'est une mode à part entière, un mouvement décomplexé qui n'a pas de règle si ce n'est celle reliée au chaos. D'abord un concept qui s'est forgé et qui s'est solidifié sur Tumblr à travers des images de nature morte futuriste et décors minimalistes où le sens et les symboles ne sont plus invités: ceux-ci sont d'une évidence trop forte et ne peuvent rendre service à des identités devenues incertaines et complexes. Ces identités font parties d'une génération Y, résultat d'une lourde équation d'influences.
La boutique en ligne Solestruck s'inscrit tout à fait dans cette mouvance et s'est appropriée les concepts contemporains du weird, tentant de faire glisser le bizarre dans le moule de la norme en le décomplexifiant (et aussi pour attirer plus de clients si vous voulez mon avis). Le bizarre est donc devenu une mode, et comme toute mode, on peut adhérer au style sans nécessairement avoir l'état d'esprit derrière, ou en d'autres termes; l'habit ne fait pas le moine et toutes les infirmières ne sont pas des cochonnes. Néanmoins pourquoi vouloir adopter un style weird si on ne l'est pas un tant soit peu. Et pourquoi ne pas prétendre au fond que ce rejet assumé de la norme n'est qu'une réponse à l'ennui. Cette réponse se traduirait par le loufoque, l'auto-dérision, le mauvais goût, et le bizarre. Mais qu'est-ce que le bizarre? Des choses qu'on a du mal à expliquer, dont on ne trouve pas l'origine et leur raison d'être. De là émane du mystère voire un univers mystique. Et quoi de plus sexy après tout qu'une femme mystérieuse?
Le bizarre est donc le nouveau sexy.
BAM!
Quoi? Vous ne trouvez pas que les compensées XXL ou les baskets à poils sont sexy? Peut-être faites-vous alors parti des personnes qui considèrent que les talons aiguilles restent un gage de féminité alors qu'une autre partie de la gente féminine (exclusivement) considèrent les talons hauts comme vulgaires (pas moi qui le dis), fruit d'un modèle créé par les hommes, pour les hommes (et un peu pour les femmes). La société tremble, donc, et les femmes en ont finalement décidé autrement.