23 December 2015

MERCI ALLEN - MAIS PAS QUE

Allen Jones (1969) Hatstand / Chair

En février dernier, je vous parlais de l'artiste pop-art anglais Allen Jones (ici) alors qu'une rétrospective de son travail avait lieu à la London's Royal Academy of Arts. Si vous avez loupé ça, je vous invite à lire mon post à ce sujet mais restez encore un peu ici puisque j'ai encore quelques petites choses à vous raconter. Il était une fois Louboutin... en octobre dernier, les stilettos Merci Allen viennent juste de naître. Notre bon prince Christian Louboutin avait quelque chose derrière la tête, celui de rendre hommage à un artiste controversé, lui aussi fasciné par les talons haut perchés et le cuir bien brossé. Tadam! Ca a donné ça:

Louboutin Merci Allen

La particularité de Merci Allen c'est la (re)découverte de lignes perdues, celles des chaussures fétiches des années Betty Page et des bouts arrondis plutôt que pointus. Le pendant de Merci Allen serait ni plus ni moins le modèle Hot Chick de Louboutin, aux lignes plus actuelles mais tout autant sexy. On peut parler de "bed heels". Ce qui les rejoint, c'est le talon de 130mm. Alors, c'est vrai, vous ne dépasserez pas la porte de la chambre à coucher avec des talons pareils. 

Betty Page         //        Louboutin Hot Chick


OK. Revenons à nos moutons.
C'est en regardant les oeuvres d'Allen Jones de près, et notamment sa série de femme-objets, que l'on remarque les cuissardes et bottes et leur incroyable qualité. Celles-ci sont en cuir et on sent le savoir faire qui se cache derrière. Allen Jones: artiste-designer ET artisan bottier?? Non, non. Il a fait appelle aux pros: Anello & Davide, maîtres en matière de chaussures sur mesure. La reine d'Angleterre herself les recommande. Mais si ça ne vous donne pas trop envie dit comme ça, j'ai quand même envie d'ajouter qu'ils ont été rendus ultra populaires par une paire de chelsea boots mixées avec un cuban heel commanditées par the Beatles. Par la suite, une horde de fans mods se bousculaient aux portillons pour marcher sur les pas de leurs idoles... enfin porter les mêmes pompes que Paul et John quoi.

Anello & Davide (c)


9 December 2015

NEW WORLD NEW LOOK (KNOW YOUR SHIT KNOW YOUR SHOES)


 
La collection de Carmen Miranda, 1944, entertaineuse qui a popularisé la platform shoes

Allez, premier épisode de Know Your Shit, Know Your Shoes. Je suis vulgaire, mais c'est ce qu'il faut pour vulgariser la culture, de nos jours. On va parler un petit peu d'Histoire. Oui parce que, sachez tout de même que vous êtes des veinardes de pouvoir porter ce qui vous chante tout en étant à la "mode". Dans le passé, on avait peu de choix, les tendances étaient dépendantes des possibilités techniques. L'avantage pour moi: c'est plus simple à résumer. En gros on avait à la pelle du gros talon en bois (depuis la nuit des temps) et plateformes à gogo (à partir des années 40 surtout). Et à la fin euphorique de la Seconde Guerre mondiale le moment était venu pour les shoe designers de prendre la fuite - avec leur imagination - et de livrer une touche glamour à toutes femmes qui avaient, sans grande surprise, un désir de nouveauté, de folie, d'esthétique après un long épisode morbide 39-45. En 1956, lors d'un salon commercial italien, un talon plus fin que la raison de l'époque est apparu. André Perugia... c'était lui.  Il a introduit une tige fine en aluminium dans le talon du soulier.
Grâce à cette innovation, les talons peuvent être ultra minces et très durables. Si bien qu'à la fin des années 1950, le talon de 12 cm était déjà entré dans les moeurs de l'industrie de la chaussure. Sans cette innovation, vous n'auriez jamais entendu parlé de ces types là... Christian Louboutin ou Jimmy Choo. 

Andre Perugia, 1956

Andre Perugia pour I. Miller & le monsieur lui-même, adorant des pieds (?)


6 November 2015

JIGSAW


Cette chaussure, ci-dessus, est d'abord apparue comme une énigme. Créée de toute pièce par le shoe-designer Safa Şahin. Ce dernier est réputé dans le monde de la chaussure pour son excentricité digne d'un peintre surréaliste et mêle avec brio abstraction complexe et lignes classiques, si bien que le résultat est une chaussure qui sort d'un rêve hallucinatoire mais qui est tout à fait portable (au pied mais pas forcément d'un point de vue strictement fashionwise).
Tout ça pour en venir à cette sandale rouge à talon. Enfin, est-ce un talon ou bien une sorte de jet presque visqueux ou une interprétation de: "je-renverse-mon-vernis-à-ongle-red in sunset of Hollywood'.
Dans tous les cas, une chose est sûre, j'ai réalisé que cette chaussure était fausse. Juste une création digitale et si on va plus loin, une composition, un assemblage...
Oui! Figurez-vous que je passe beaucoup de temps  (pour de vrai - mais peut-être pas autant que ce qu'ils disent à la télé) à scroller, feuilleter, regarder et contempler les chaussures, les souliers, les machins qu'on met aux pieds, vous savez. Oui. Et au final, j'ai le cerveau gonflé d'images avec les légendes qui vont avec. En d'autres termes, je sais reconnaitre les sandales Yves Saint Laurent Tribute à deux kilomètres à la ronde mais je sais aussi détecter l'apparence lisse et brillante des chaussures en caoutchouc de Melissa.
J'ai choisi ces deux exemples parce que c'est précisément ce qui m'est venu en tête après avoir fixé la sandale composite de Safa. Bam!
Regardez plutôt ça (et ensuite revenez en haut de page - un peu de gymnastique, que diable!):










Ce qui est frappant au final c'est le symbole qui se cache juste derrière. En fait, la création, c'est le fruit d'une macération d'inspirations en tout genre et un bout de toi. Un bon design c'est une bonne équation entre l'inspiration extérieure et son intériorité. L'idéal à mon sens c'est un mélange entre connu (le monde) et inconnu (ton monde, celui dans ta tête). C'est comme le langage: il faut qu'il soit compréhensible de tous pour se faire entendre et cependant, un bon orateur va faire preuve d'originalité voire d'audace pour se démarquer. Et c'est ça qu'on aime. 


1 November 2015

DES CLICS ET DES CLACS

Billie Tango, c'est une marque de chaussures française qui vient de naître mais c'est aussi, pour résumer, le Mac Gyver de la pompe. Si je vous explique le concept, vous allez surement trouver ça chelou et pourtant j'ai pu le tester. Après avoir fraichement reçu les chaussures (merci Maxence), j'ai pu ausculter les dits souliers de plus près. En gros, tout ce passe dans le talon. Celui-ci est ni plus ni moins pliable et rétractable passant de 9,5 à 4,5 cm en 2 secondes chrono. 

     
           Billie Tango (les miennes)                 //           Maurice, qui lui aussi à des idées ingénieuses


Oui, vous devez trouver ça un peu étrange une fois que le talon s'est vu couper de moitié. Aïe. Le résultat est un également un peu douloureux visuellement si vous regardez de profile. L'invention est cependant maline. Si on y réfléchit bien, rien de plus compliqué et dangereux que de conduire avec des talons. Et si vous n'avez pas envie de trimballer une paire de flats, alors hop, que je bidouille le talon de mon escarpins et c'est parti Ginette! 

Quant aux différents modèles, vous trouverez sur le site des bottines, des salomés, des bouts ronds, des bouts pointues et des combinaisons de couleurs et de cuirs qui ne vous laisseront pas sur votre faim. Et pour couper court à toutes spéculations, je vous le donne dans le mille: les prix varient entre 159 et 199€. C'est le prix du talon pliable breveté. Et c'est combien pour la chaise valise? 

Où?


30 October 2015

SPRING/SUMMER 2016 = MIU MIU





LE CROQUIS SI CHARMANT


"Couvrez ce "dessin" que je ne saurais voir. /Par de pareils objets, les âmes sont blessées,/ Et cela fait venir de coupables pensées." - Tartuffe, Molière (revisité par Shoessure.)




Nicholas Kirkwood

Mon pécher c'est de regarder les beaux souliers quand ils ne sont pas encore faits, quand ils existaient d'abord sur le papier ou en digital 2D. Quand ils ne sont qu'un mélange génial d'encres ou de pixels colorés et de lignes pas très orthodoxes mais si belles qu'elles ne peuvent être possibles dans le réel. Oui, la magie des esquisses c'est leur irréalité, les formes irréalisables et importables - pas faites pour le pied mais qui conviennent fort bien à l'oeil. Voici mes chouchous: Kirkwood, Blahnik et Zanotti. J'aurais pu ajouter Louboutin mais c'était trop facile. Je préfère le trait déluré de Manolo, la précision clinique de Nicholas et l'obsession morbide de Guiseppe pour les stilettos, sans doute une référence phallique. La petite touche abstract de Dries Von Noten finit bien le tableau. Comme quoi les chaussures c'est autant de l'art sur papier que sur pied.




Manolo Blahnik
Nicholas Kirkwood

Nicholas Kirkwood 
Guiseppe Zanotti


Dries Van Noten




photo: Nicholas Kirkwood, Dries Von Noten, Guiseppe Zanotti sur Pinterest // Manolo Blahnik Drawings (livre)