Jamais j'aurais pu imaginer que des chaussures puissent inspirer de la crainte. Et pourtant je me souviens, enfant, je redoutais parfois d'enfiler des bottes en caoutchouc souvent trop grandes pour mes pieds, les après-midis après la pluie. Ces bottes en caoutchouc qui passaient 350 jours rangées dans un coin sombre, là où s'agglutinent les petits monstres qui épouvantent les esprits fantasques des enfants. Ces monstres, dans ce cas présent, c'étaient les araignées (imaginaires) qui se glissaient incontestablement dans les bottes en caoutchouc et attendaient un pied peu froussard. Il fallait toujours que je jette un oeil avant d'introduire la jambe dans la botte afin de détecter toute anomalie... mais qu'est-ce qu'il faisait sombre la-dedans! Mon oeil ne pouvait jamais atteindre l'extrémité de la botte. Apres quelques secousses (pour perturber le soi-disant microcosme à l'intérieur), je renonçais enfin à lutter et prenant mon courage à deux mains, je glissais mon pied dans la botte hantée. Parfois il y a eu des moments où j'ai perdu mon sang froid causés par une mygale géante qui s'avérait être un petit caillou (elle s'était juste transformée le temps que je l'extrais de la botte). Mais la plupart du temps, ce moment de doute et de crainte intersidérale se résumer à deux petites minutes très vite oubliées une fois les pieds dans les flaques.
photo: Jill L. Armstrong
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